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De la Bolivie à l'Irlande il n'y a qu'un pas...

La Bolivie, la coke, et moi

Je suis partie de France avec de nombreux clichés en tête. Je ne savais pas grand chose sur ce pays, seulement ce que j'en avais appris au cours de leçons d'espagnol. Mais ça n'a jamais été très développé. Et je me rends compte aujourd'hui que nous étions souvent loin de la réalité. Pour ma famille et mes amis c'était pire encore. Ils m'assaillaient de questions auxquelles je n'avait souvent pas de réponse : «tu vas trouver du shampoing?», «t'es sûre qu'ils ont internet là-bas?», «il y a des grandes villes dans ce pays?»... Et puis j'ai eu très régulièrement droit au «ne nous reviens pas droguée»...

La Bolivie, la coke, et moi

C'est simple, pour moi, les problèmes de cocaïne s'arrêtaient à ce que j'en avais appris en cours, c'est à dire le minimum syndical. L'an dernier, nous avons fait un « débat » sur la dépénalisation de la feuille de coca en Bolivie. A ce moment-là, le président Evo Morales avait demandé à ce qu'on laisse les boliviens mâcher la coca sans problèmes. C'est un fait de société dans ce pays, une tradition qui n'est pas près de disparaître. Je croise chaque jour des gens qui ont une boule de coca dans la bouche, que ce soit pour combattre la faim ou le froid, lutter contre le soleil ou les effets de l'altitude. Mais à l'époque de notre débat, nous nous étions contentés d'un article qui expliquait que les États-Unis étaient contre. Le résultat de ce débat fut...néant. La seule chose que nous en avons conclus c'est que peut-être ça ne ferait de mal à personne de leur accorder la dépénalisation de la feuille de coca. Et pourtant, nous étions si loin de la réalité... Alors voilà ce que j'ai appris de ces quelques trois mois passés en Bolivie, au contact journalier des populations.

Comme je vous l'ai déjà expliqué, la Bolivie est divisée en trois zones géographiques. La feuille de coca est cultivée en grande majorité dans les Yungas (près de La Paz) et dans l'Oriente, zone tropicale. Mais ce que peu de personnes savent, c'est que les deux zones ne produisent pas la même sorte de Coca. En effet, les Yungas sont réputées pour leur paysage très pentus, difficile d'accès et leur terre propices à la culture de la coca. Les cocaleros de cette région déploient un travail colossal pour faire pousser cet «or vert bolivien» sur ces pentes extrêmement raides. A certains endroits, ils ont même développés un système de câbles tendus d'un pan de montagne à l'autre pour ne pas perdre de temps à descendre et remonter. Et malgré le fait qu'il soit vieux et dangereux, il fonctionne. La feuille de coca ramassée dans cette zone est utilisée pour faire des matés (infusion traditionnelle qui vient des amérindiens guarani) ou pour mâcher.

Quant à la culture de la feuille de coca dans l'Oriente, c'est une autre paire de manche... Cette dernière n'est pas faite pour être mâchée mais bien pour être transformée en poudre blanche. Comme vous vous l'imaginez, je ne parle pas de sucre... Une amie de la famille dans laquelle je vis m'a expliqué qu'il y avait de nombreuses entreprises de transformation sur le territoire boliviens et des familles de cocaleros-trafiquants connues de tous. Tout le monde ici, sait également que le trafic a presque exclusivement lieu avec la Colombie qui se charge de la vente. Les colombiens ont les listes de clients, et les boliviens assurent la production. C'est donc le couple Bolivie-Colombie qui mène la danse de la drogue.

La Bolivie, la coke, et moi

Et vous allez me dire, «et le président dans tout ça ?»... Et bien c'est un ancien cocalero...pas des Yungas...mais bien de l'Oriente! Il se dit même que ce sont les trafiquants qui ont financé sa campagne politique. Du coup, aujourd'hui, il est lié et ne peut pas faire de lois qui les desservent. Rien ne les empêche réellement de continuer leur «commerce».

Voilà quelques semaines, les rues de Cochabamba ont été bloquées (sauf les routes en direction de l'Oriente, afin de ne pas se mettre à dos le président...) en réaction à une loi qui dispose que tout véhicule dans lequel sera trouvé de la drogue sera saisi et le propriétaire sera tenu pour responsable. Sachant que cela peut arriver à n'importe quel chauffeur de bus, truffis (sortes de transports en communs locaux), taxis...cette loi a fortement déplu dans le pays. Selon les boliviens avec qui j'ai pu aborder le sujet, le problème de la drogue et de ses fabricants, revendeurs, consommateurs, gangrène leur pays. Chaque question que je posais appelait des réponses qui signifiaient à peu près toutes ceci : j'aime mon pays, et je n'aime pas en dire du mal, mais c'est un problème face auquel nous nous sentons impuissants...

De mon côté, je n'ai pas découvert le «merveilleux monde des bisounours»...par contre, le maté de coca est vraiment très bon et plein de vertus thérapeutiques!

A bon entendeur, salut!

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A
Très intéressant, vrai qu'on voit sans cesse les bob mâcher la coca et c'est même bon (moi l'odeur me dérange un peu mais bon).<br /> Mais c'est un thème de société passionnant je trouve qu'on peut développer sous pleins de problématiques différentes (rapidement évoqué, &quot;narcotrafic et pouvoir&quot;) et qui soulève de grosses contradictions. Originellement, je crois que le coca cola, emblème du rêve amerloque s'il en est, était produit à base d'un extrait de coca alors qu'un simple mate de coca est interdit sur tout le territoire... Et je n'évoque même pas les effets du soda sur la santé...
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