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De la Bolivie à l'Irlande il n'y a qu'un pas...

Voyage au cœur de la Bolivie

La Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique du sud. Mais est-ce ma vision de française qui me fait dire que cette pauvreté est différente? Jusqu'alors, je ne connaissais que la pauvreté de France : les gens dans les rues, les travailleurs pauvres, les retraites indécentes... Mais ici, la pauvreté c'est vivre dans des endroits reculés, loin des soins et des écoles; c'est habiter dans des maisons en terre, sans eau courante, sans douches ou toilettes la plupart du temps; c'est devoir faire des heures de route (à pied ou en camion) pour vendre ses récoltes à la ville; ce sont les enfants qui doivent travailler jeunes pour aider leurs parents; et pourtant, c'est toujours garder le sourire, être fier de cultiver sa terre et de pérenniser ses traditions. Pour que vous compreniez mieux, je vais vous parler de ces deux jours au cœur de la campagne bolivienne avec Mano a Mano Bolivia, qui m'ont fait réfléchir sur cette notion de pauvreté.

Voyage au cœur de la Bolivie

Mercredi 24 octobre, il est quasiment 20h lorsque le président de l'ONG nous confirme notre départ pour les montagnes le lendemain matin à 4h. L'objectif du jour est de visiter deux probables futurs projets et d'inspecter un projet en construction. Je ne peux pas dire que ce départ matinal m'enchante mais je me rendrai compte par la suite de la chance que j'ai eue... Fort heureusement nous avons un 4x4 parce que les routes de montagne(qui consistent la plupart du temps en chemins de galets) ne sont pas des plus accueillantes. Sur le chemin, nous croisons de nombreux centres de santé ou écoles construites par Mano a Mano Bolivia.

Après 4h pour atteignons la première communauté : Esmeralda. C'est véritablement un joyau au sein de la Bolivie profonde, surtout grâce à ses habitants. La majorité des maisons sont construites avec une sorte de torchis, exception faite d'une église évangéliste en construction, démesurément grande pour ce village -ah la religion...-. Dès notre arrivée, nous sommes accueillis chaleureusement, avec colliers de fleurs et sourires sincères, et nous allons très vite comprendre pourquoi. L'infirmière et le dirigeant de la communauté nous conduisent au centre de santé actuel. A peine 30m2 pour soigner environs 1000 personnes venant des quatre coins de la région, un sol en béton, des murs imbibés par l'humidité, une installation électrique précaire, un simple rideau pour séparer le lieu où s'effectuent les soins de la salle d'attente, pas de toilettes indépendantes et surtout, pas d'eau courante. L'infirmière nous explique alors qu'elle doit aller chercher des bidons d'eau chez elle... Ajoutons à cela le fait que le matériel soit prêté par une église qui peut refuser de continuer ses dons du jour au lendemain et vous obtenez une réalité difficile à accepter! Alors quand le docteur Velasquez (président de l'ONG) leur a parlé du projet de MMB, d'un nouveau poste de santé tout équipé, ils se sont remplis d'espoir. L'infirmière, tout particulièrement à prononcé un discours imprégné de motivation et d'envie d'avancer, même s'il était en quechua (langue officielle en Bolivie et langue la plus parlée dans les communautés reculées). Au moment du départ, ils nous offrent un carton de tomates et des pastèques (réputées dans la région), nous serrent la main et les femmes nous prennent dans leurs bras en nous remerciant.

A gauche : l'actuel centre de Santé et son infirmière. A droite : le président de l'ONG avec son collier de fleurs entouré des représentants de la communauté d'Esmeralda.A gauche : l'actuel centre de Santé et son infirmière. A droite : le président de l'ONG avec son collier de fleurs entouré des représentants de la communauté d'Esmeralda.

A gauche : l'actuel centre de Santé et son infirmière. A droite : le président de l'ONG avec son collier de fleurs entouré des représentants de la communauté d'Esmeralda.

Nous reprenons la route/chemin direction Tiraque pour peut-être un autre futur projet de centre de santé. Sur place, personne... Le docteur demande alors à un habitant où sont les dirigeants. Puis voyant que son interlocuteur n'a pas l'air très attentif, il lui parle en quechua. Et là, nous obtenons les informations nécessaires. Il semblerait qu'on ait oublié notre visite. Ma première sensation c'est que s'il n'y avait pas suffisamment d'argent pour 2 projets, je choisirais le premier sans hésitation -cela me paraît cruel, c'est pourtant ma réalité-. A Esmeralda, ils étaient tous là, ils savaient tous ce qu'ils avaient à faire, ils étaient motivés tout simplement. Ici, il a fallu du temps avant de trouver quelques personnes de la communauté et ils n'avaient même pas la clef pour visiter le centre de santé actuel (même s'il paraît dans le même état que le premier). Le docteur leur explique alors les termes de la convention pour un projet. La mairie doit apporter une part des fonds et la communautés doit fournir la nourriture et des bénévoles chaque jour pour aider les maçons sous peine d'amende. Cela peut paraître beaucoup mais c'est également une manière de les impliquer dans ce qui sera leur propriété. De plus, l'expérience de MMB, nous apprend qu'il vaut mieux être clair et ne pas faire de concessions au départ.

A gauche, les représentants de Tiraque et le Dr Velasquez devant l'actuel centre de santé. A droite : arrivée de la communauté.A gauche, les représentants de Tiraque et le Dr Velasquez devant l'actuel centre de santé. A droite : arrivée de la communauté.

A gauche, les représentants de Tiraque et le Dr Velasquez devant l'actuel centre de santé. A droite : arrivée de la communauté.

C'est le début de l'après-midi lorsque nous repartons, direction un projet en cours près de Cochabamba : Cotani Baro. Nous ouvrons la porte du 4x4 et le vent glacial me fige. Les maçons et bénévoles de la communautés travaillent dans des conditions plus que précaires. Pourtant, le problème majeur sur ce projet s'avère être le manque d'implication de la communauté. Certains bénévoles ne viennent pas et les repas ne sont pas toujours assurés. Un état de fait intolérable pour MMB. Le docteur remet donc les pendules à l'heure, en quechua. Je prends alors conscience qu'un président d'ONG se doit d'être un bon manager, à la fois calme et clair, juste et exigeant. Le docteur ne s'énerve jamais -en général, tout le monde comprend sans qu'il ait besoin de hausser le ton...-, chaque mot qu'il prononce est choisi et il échange beaucoup avec les employés et les bénévoles, leur faisant prendre conscience des problèmes. Mais le plus important est très certainement le fait qu'il connaisse ces communautés et qu'il parle quechua! C'est donc une journée pleine d'enseignements qui s'achève. Demain, autre départ à 4h pour le nord de la région de Potosí.

Voyage au cœur de la Bolivie

Au programme de ce vendredi 26 octobre, deux visites : un futur projet d'école et une inspection d'un projet de poste de santé en construction. Aujourd'hui encore, le chemin est long et sinueux. Nous ne faisons que descendre le flanc d'une montagne, pour remonter le flanc d'une autre. Le docteur nous explique qu'avant il n'y avait rien, et il fallait marcher pour atteindre les communautés (pour les campagnes de vaccination notamment). Nous arrivons finalement à Santa Ana, où est prévue la construction d'une école avec l'apport financier d'un groupe de canadiens. Nous longeons le terrain de football où certains enfants s'amusent déjà (il est à peine 8h) alors que d'autres arrivent à pied de tous les côtés. Ils semblent tous ravis d'être ici. Nous descendons de voiture, et un homme accoste le docteur... Il semblerait que ce soit un vieil ami avec qui il a travaillé il y a de nombreuses années, enfin c'est ce que je crois comprendre parce qu'il parle quechua... Une des professeurs nous propose de visiter l'une des quatre salles de classe...enfin ce serait plutôt quatre murs et un toit avec une dizaine de tables et de chaises en bois mités, et un tableau d'un autre âge! Et tout cela pour environ 350 élèves... Le choc est rude, et c'est alors qu'elle nous conduit à l'endroit où elle vit. Et là, je n'ai pas suffisamment de mots pour exprimer ce que j'ai ressenti; mais c'était pire. C'est une pièce de 10m2 avec un sol en terre, qui dégage une odeur quasiment insupportable –nous pensons que cela doit provenir des briques qui sont un mélange de terre et de paille, ou de la viande qu'elle doit faire sécher à l'intérieur pour pouvoir la conserver-. On y trouve un lit prêt à s'écrouler et en lieu et place de la cuisine, une gazinière de camping qui doit avoir 30 ans. Il n'y a ni eau courante, ni douche, ni toilettes... Pour être professeur dans ces conditions, il faut vraiment être passionnée. Pour elle, le projet de Mano a Mano serait une chance unique de donner la possibilité à ces enfants la possibilité de bénéficier d'une éducation similaire à celle de la ville.

En haut : un logement de professeur à Santa Ana ... En bas : Réunion dans une salle de classe.
En haut : un logement de professeur à Santa Ana ... En bas : Réunion dans une salle de classe.

En haut : un logement de professeur à Santa Ana ... En bas : Réunion dans une salle de classe.

Le docteur met en place une petite réunion avec les responsables et représentants de la communauté dans une des salles de classe pour leur expliquer ce qu'il y a dans la convention, en quechua (il avait commencé en espagnol, mais personne ne l'écoutait vraiment). Au début un peu réticent, le dirigeant se voit contraint et forcé, par les différents discours enjoués de ses camarades, d'admettre que c'est un projet essentiel pour eux. Nous repartons donc avec un nouveau probable futur projet.

Dernière visite de ces deux jours de voyage : Villque. La route est très longue et au bout d'un moment, le docteur emprunte un chemin encore plus étroit que le précédent. Nous descendons encore et toujours jusqu'à parvenir au lit d'une rivière...plus de chemins clairement dessiné, il faut passer sur les pierres ramassées par l'eau. Pendant la saison des pluies, personne ne peut se rendre à Villque, ils sont totalement isolés. Nous découvrons un village très pauvre et un centre de santé hors d'usage pour une population de 300 personnes. A ses côté, le nouveau centre se dresse fièrement. Il sera terminé dans deux semaines environ. Au détour d'une maison se cache une petite fille très intriguée par Adeline et moi. Nous essayons de lui parler mais elle garde ses distances. Nous décidons alors d'apprendre quelques mots de quechua pour tisser des liens. Mais quand nous les lui répétons elle se met à rire -notre accent ne doit pas être parfait-! En tous les cas, c'est un début de contact, lorsque nous reviendrons pour l'inauguration, nous en saurons plus et nous pourrons rencontrer la communauté dans son ensemble. Nous avons hâte!

A droite : l'ancien et le nouveau poste de santé côte à côte!A droite : l'ancien et le nouveau poste de santé côte à côte!

A droite : l'ancien et le nouveau poste de santé côte à côte!

Arrivée chez moi, je ne tarde pas à aller me coucher. Les images défilent devant mes yeux et les réflexions se bousculent dans ma tête. Je crois que le principal, c'est que ces deux jours m'ont donné une belle leçon de vie.

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J
magnifique !<br /> merci de ns permettre de voir l'inimaginable
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